Le cours de l’or
a suivi une évolution atypique au cours de la dernière décennie. Cependant,
cette relique barbare, ce métal sans valeur intrinsèque est souvent malmené par des commentateurs qui répètent tous un peu les mêmes erreurs et surtout on l'air de ne pas vouloir en tirer les enseignements !
Depuis que le suis l'actualité aurifère de près, cela m'énerve de voir des aspects qui sont systématiquement ignorés, sous-estimés ou modifiés dans le seul but de faire passer un argumentaire préalablement orienté au sujet de l'or.
J'ai recensé 6 erreurs grossières qu'un peu de bon sens peut vous permettre de détecter dans la propagande actuelle:
1. Ignorer la
ferveur des asiatiques pour le métal jaune
Le plus grand
importateur Thailandais vient d’annoncer qu’il comptait doubler ses
importations d’or cette année car les prix bas ont littéralement boosté la
demande locale.
On voit pareil
engouement fleurir un peu partout en Asie : Viêt-Nam, Laos, Cambodge, Indonésie, Philippines
et surtout Chine, où la classe moyenne émergente a une soif intarissable de
métal précieux. Cette année, le plus gros consommateur mondial d’or, l’Inde a
montré des signes évidents que son économie souffre littéralement de la soif
d’or de sa population. Alors ils ont tous fait pour freiner la demande et
essayer de canaliser les liquidités qui affluent sur l’or vers d’autres pans de
l’économie bien plus profitables pour le PIB. Mais la population indienne ne se
laisse pas influencer aussi facilement et on n’abat pas des siècles de
traditions goldeuses en deux ou trois mesures d’opérette.
Sous-estimer
l’attrait de l’or a sur les populations est une erreur qui risque de coûter
cher à nos malheureux décideurs monétaires.
2. Croire qu’on
peut réaliser un « long squeeze » avec seulement 5% d’un actif.
Contrairement au
Long Squeeze, plus connu sous le terme Corner qui consiste à faire monter le
cours d’un actif à des niveaux qui forceraient tous les vendeurs à découvert de
liquider leurs positions en toute urgence car ils deviendraient incapable de
les couvrir, propulsant le cours à des niveaux stratosphériques, le Long
Squeeze est une tactique qui consiste à faire chuter le cours d’un bien, de
préférence en provoquant un retournement de tendance (de marché Bull à Bear),
poussant les nombreux investisseurs à vendre leurs positions afin de récupérer
les quelques plus-values qui leur restent avant qu’elles disparaissent. Le
crash sur l’or d’Avril 2013 a toutes les apparences d’un Long Squeeze.
Cependant, comme l’indique l’analyse des stocks du Comex dont j’ai publié une
traduction précédemment sur ce blog, si le nombre de contrats vendeurs a bien
augmenté paraboliquement, les stocks n’ont pas suivi et force est de constater
six mois après que la manipulation n’a pas marché : si les cours on bien
effectivement baissé, ils ne l’ont pas été autant que prévu (la guerre
médiatique qui a suivi était évidente : on a vu sortir de nulle part une
armée d’analystes qui prédisaient tous un retour de l’or vers 1000$ l’once,
voire 800$ pour les plus motivés) : l’or n’a que difficilement touché les
1200$ l’once.
Des rumeurs ont
circulé qu’il ne pouvait y avoir qu’une banque centrale derrière le crash
d’Avril car seule une banque centrale a la capacité de pouvoir larguer des quantités
d’or par paquets de 400 tonnes subitement sur le marché. Ces mêmes rumeurs
pointaient du doigt la Fed et ses <9.000 tonnes de réserves d’or. D’après le
WGC, tout l’or du monde représente une quantité totale de 170.000 tonnes. La
Fed ne possède même pas 5% de tout l’or du monde, et ils se croient les plus
riches avec ça ? Si tant est qu’ils aient jeté toutes leurs réserves dans
la bataille, il n’auraient vraiment pas pu faire le poids, mais alors là
vraiment pas. D’autant plus que leurs réserves totales ne valent pas plus que
deux ans de production totale mondiale, pas vraiment de quoi fouetter un
abribus avec ça, de là à croire qu’ils peuvent faire écrouler le gros édifice
du marché mondial de l’or…
3. Ignorer les
coûts de production et les producteurs d’or
Un élément
significatif qui tend à soutenir tout le marché de l’or et à maintenir les prix
à de niveaux raisonnable est la production minière. Bien qu’elle soit en déclin
d’une année à l’autre, elle compte encore pour une grande partie de l’offre
d’or sur le marché mondial (deux tiers environs, le tiers restant étant
constitué exclusivement du recyclage). Il suffit de jeter un œil aux rapports
du conseil mondial de l’or pour s’en rendre compte. Si les ressources
naturelles se tarissent progressivement, l’augmentation des cours a soutenu la
prospection et l’ouverture de nouvelles mines aux coûts de production
supérieurs sur des concessions à la concentration en or de plus en plus basse.
Avec un coût de production variant entre 1000$ et 1200$ l’once selon les
sources, produire de l’or n’en vaut plus trop la peine lorsque sont cours
s’effondre.
Actuellement, on commence à voir la production africaine baisser
significativement (comme ici au Ghana) et des mines fermer leurs portes dans l’attente de jours
meilleurs (au Mali, Ghana et Burkina Faso notamment) ou de grandes compagnies minières qui revendent leurs mines les moins rentables, comme Barrik Gold qui met en vente deux de ses mines australiennes. Si les cours bas de l’or
persistent, c’est à un effondrement de la production qu’il faut s’attendre.
Et n’importe quel
économiste de comptoir de café pourra facilement vous démontrer que lorsque
l’offre chute dramatiquement, les prix repartent à la hausse, surtout si la
demande reste soutenue. Ignorer cela est d’une stupidité sans nom.
4. Considérer
l’or comme une matière première
L’or a des
application bien précises en industrie qui sont propres à ses propriétés
physiques partagées avec aucun autre métal existant sur terre. Mais il ne faut
pas perdre de vue que d'après les chiffres du WGC seulement 12% de la demande annuelle mondiale est
absorbée par l’industrie. Afin de noyer le poisson, les statisticiens ne
parlent pas d’industrie à proprement parler mais de « transformation »
comme ça ils peuvent y inclure la bijouterie. Avec un peu de bon sens on peut
se rendre compte de la supercherie : les gens n’achètent pas de bijoux en
or à cause de sa conductivité exceptionnelle à l’électricité ou à la chaleur
ou son extrême malléabilité. Rien de tout cela : les gens qui achètent des
bijoux en or investissent dans du métal précieux et c’est la caractéristique
« précieux » qui prime avant tout, à l’instar des investisseurs en
pièces et lingots.
Cela nous ramène
à 88% de la production mondiale qui est acquise par des gens qui veulent de
l’or pour son aspect précieux pour stocker et conserver la valeur, comme moyen
alternatif d’épargne qui résistera au temps et à toutes les turpitudes
humaines.
Avec seulement
une si faible proportion de son marché effectivement utilisé comme matière
première, il est étonnant que l’ensemble du marché de l’or soit encore relégué
au rang des « commodities » aux côtés du soja et des côtes de porc.
Les producteurs
de l’information classent l’or dans cette catégorie, mais la population n’est
pas dupe et dans leurs cœurs l’or reste le moyen ultime de stocker son épargne,
d’afficher sa richesse et de garantir la conservation de la fortune accumulée
par le fruit se son travail.
5. Complètement
ignorer l’or dans les politiques monétaires
L’or a
été la monnaie durant des millers d’années et surtout durant les plus
belles années de prospérité de l’humanité. Depuis l’abandon de Bretton-Woods
c’est comme si le monde était entrée en perpétuelle crise : impossible de
retrouver une période de prospérité aussi longue que les « trente
Glorieuses ». On pourrait dire qu’on en est actuellement à proprement
parler aux « Quarante piteuses », et on n’a pas fini de compter…
Quand va-t-on un
jour se rendre compte que le retour à l’étalon-or et les comportements qui vont
avec sont peut-être pas une si mauvaise idée ?
Napoléon a
redressé les finances de l’État en instaurant l’étalon-or, l’Allemagne de
Weimar a mis fin à la pire période d’hyperinflation de l’histoire en réinstaurant
un étalon-or et ces deux exemples ont connu une période de prospérité qui s’en
suivit telle que ces pays ont été très rapidement capable d’atteindre un niveau
de puissance capable de mettre le reste de l’Europe à feu et à sang.
6. Entretenir la
haine de l’or.
Un jour on en
arrivera au point que John Mayard Keynes sera jugé à titre posthume pour Crime
Contre l’Humanité, comme l’a été Christophe Colomb. Leurs découvertes ont été
acclamées en leurs temps et tous y ont adhéré aveuglément alors que bien des
années plus tard on a du se rendre à l’évidence qu’elles ont provoqué les plus
grand génocides humains que a terre ait jamais porté. La doctrine de Keynes est
toute empreinte d’aversion totale pour l’or, qui n’est rien de moins qu’une
« relique Barbare », tout comme Lénine qualifiait la Religion d’
« Opium du Peuple ». (Mon Dieu,
pardonnez-les ils ne savent pas ce qu’ils font...)
En attendant,
l’or a encore de nos jours une armée d’opposant prêts à tout pour le combattre
et le discréditer sous tous les fronts.
Dans la presse
ils pullulent : entre 2001 et 2010, l’or a vu son cours monter
continuellement mais aucun analyste n’en a vraiment parlé. Les seules fois dont
il est fait mention du marché de l’or dans les grands titres c’est lorsqu’il
baisse ou mieux, lorsqu’il crashe. A l’opposé, une performance record d’un
hedge fund, une obligation ou une société qui vend du vent fera toujours
l’objet d’une couverture élogieuse dans la presse spécialisée et même dans les
feuilles de choux grand public. On en est arrivé au point où J’en suis venu à
me demander s’il n’y avait pas un bureau de la Propagande Anti-Or super bien
organisé qui orchestrerait tout cela. C’est tellement bien fait que j’ai de
sérieux doutes que ce soit uniquement l’ouvre du hasards et d’une succession de
coïncidences.
Cependant, on en
peut pas nier que l’or est le plus vénéré des métaux. Pour preuve, l’analyse
des expressions où la référence au métal précieux est présente dans la langue
Française que j’ai publié sur le site Oropédia . Aucun
autre métal n’a une telle présence dans le langage et l’imaginaire collectif.
L’or a une
influence particulière sur les hommes, c’est le seul métal capable de lui
donner la fièvre, de le faire se lever, prendre les armes et tuer son prochain,
prendre le pouvoir et voyager des milliers de kilomètres dans des terres
hostiles.
Un tel ancrage
dans la conscience collective ne s’efface pas en deux article et une émission
sur des médias grand public.
En conclusion, j'ai beau essayer d'y voir clair dans tout ce qui est produit par les médias actuels, j'ai du mal à la lumière du sacro-saint bon sens de croire que ces "analystes", "économistes" et autres décideurs en arrive à répéter ces erreurs.
« Celui Qui Ignore Son Passé Est Condamné À Le Revivre! » Ally Ntumba
Pour les plus intelligents d'entre vous, observez ce qu'il s'est passé dans l'histoire et vous aurez un bon aperçu de ce qui nous attend.
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