jeudi 16 avril 2015

Seulement 1 Français sur 4 travaille comme salarié.

Il est un fait que les statistiques qui font mal au fondement politique restent discrètement enterrées dans les tréfonds de la presse.

En voilà une pourtant qui devrait tous nous faire peur. Dans l'article du Parisien de ce jour: 

Défaillances d'entreprises : forte rechute au premier trimestre

Outre le fait que le nombre de faillites recommence à battre des records, tout comme le CAC en ce moment, on peut lire sur l'infographie que la France compte 15,841 millions d'emplois salariés. 
Voyez par vous-même: 

D'après les chiffres officiels de l'INED , au 1er Janvier 2015 la France avait une population totale de 64,2 millions d'individus.
Le ratio est vite fait: 15,8 millions de travailleurs / 64 millions d'habitants, cela fait 24,6% de la population. 


Bon on va pas pinailler et arrondissions à 25%, ce qui fait juste 1 sur 4.
Cela veut dire que si je prend un échantillon totalement au hasard de 1000 Français, seuls 250 ont un emploi salarié.

Mais que font les autres me direz-vous? 

La première catégorie sont les fonctionnaires. Ils seraient 5,4 millions d'après le magazine Challenges , soit un peu plus de 8,4% de la population.
Ça tombe bien car 25%+8% ça fait tout juste 33%, soit un tiers. On ne peut pas rêver plus belle statistique. 
En France une personne sur trois travaille et une sur quatre est dans le privé.

Mais que font les autres alors ? D'une part il y a les Entrepreneurs au sens anglo-saxon: les artisans, commerçants et autres travailleurs à leur propre compte. Ils seraient 2,3 millions selon l'INSEE (3,6% de la pop.). Si vous voulez mon avis, je trouve que c'est vraiment pas beaucoup pour un si grand pays. Ces gens sont rarement loin d'être riches et beaucoup souffrent de la crise. 

Les fonctionnaires étant payés sur le budget de l'État, ils font partie des "dépendants des recettes fiscales et sociales" et devraient donc techniquement faire partie des allocataires mais comme ils paient aussi des impôts la différentiation est tendue, je laisse ce débat aux faux économistes de talk-show du soir.

D'autre part il reste les inactifs: retraités, handicapés, enfants, invalides, etc. mais également et surtout les chômeurs ! Justement, les chômeurs, parlons-en un peu car en France on compte deux catégories de chômeurs: les bons et les vilains mauvais. 

Les bons chômeurs sont ceux qui ont survécu jusqu'à présent à la pression de Pôle-Emploi et sont comptabilisés dans les statistiques. On en comptait un peu moins de 3,5 millions en février. Ça c'est le chiffre officiel.

Ensuite il y a les vilains méchants chômeurs, ceux qui font tache, ceux qui dérangent, ceux qui se font exclure. Les raisons sont diverses et variées. Dans cette catégorie on trouve les trop vieux, les trop fatigués, les trop longtemps présents, ceux qui ne cherchent pas assez et ceux qui ont raté leur dernier rendez-vous chez P.Emploi à cause qu'ils n'ont pas vu le dernier sms... Bref, ces gens-là sont les oubliés des statistiques. Combien sont-ils ? La position officielle est que vous n'avez pas à le savoir, c'est tout.

Finalement, dans les autres catégories d'inactifs on trouve:
- Les bébés, les enfants et les jeunes de moins de 17 ans: 14,14 millions de gens. Cette tranche de la population est dépendante totalement du reste de la population.
- Les retraités, âgés de 65 ans et plus sont au nombre de 11,15 millions. 

Sur les 38,9 millions de gens en âge de bosser (18-65 ans) on a donc 15,8 M d'employés, 5,4 M de fonctionnaires, 2,3 M d'indépendants et 3,5 M de chômeurs. Faites le calcul comme moi et vous aurez un trou de 11,9 millions de gens. Quand bien même j'exclus ceux qui sont dans la zone d'ombre entre 60 et 65 ans (4,8 M) qui pourraient être préretraités, il me reste encore 7,1 millions de Français qui étudient, ou qui vivent de leurs rentes, ou qui glandent chez papa/maman, ou qui sont en prison, ou au RMI, ou encore nulle part dans les statistiques. 


Mais je me disperse un peu trop loin. Revenons à nos employés. L'économie est soutenue par les gens que les économistes appellent "actifs". Alors que 100% de la population participe à la consommation, seuls ceux qui ont un revenu suffisant peuvent soutenir cette consommation. 

Les allocations (retraite, familiales, chômage...) sont financées par des prélèvements sociaux sur les revenus du travail. C'est ce qu'on appelle la mutualisation et c'est une des Grandes Valeurs de la République depuis la Révolution: nous sommes tous égaux et donc il nous revient de tous nous entraider pour soutenir la nation et ses citoyens...
(pause ricanement sarcastique)

Une économie saine est celle où la consommation est couverte par des revenus du travail. La consommation des allocataires sociaux est également couverte par les prélèvements sociaux redistribués aux ayants-droit. 

En France on peut constater qu'on en est loin, très loin: seule une personne sur 3 peut couvrir sa consommation par les revenus de son travail. Un travailleur, qu'il soit fonctionnaire ou salarié supporte en réalité 2 personnes en plus de lui-même. 

Si vous cherchez où il est le déficit de la France, ne cherchez pas plus loin.

Pour que tous les allocataires sociaux (ceux qui touchent les allocations familiales, de chômage, une retraite, etc.) puissent toucher ce à quoi ils ont droit, il faut soit qu'il y en ait moins (moins de retraités, moins de chômeurs, moins d'enfants... la résolution de ce problème peut poser quelques soucis au niveau étique) ou qu'il y ait davantage de contributeurs, donc plus d'employés. Plus d'emplois, la promesse du Toumou 1er.

Autrement il y a pas 36 solutions, je n'en vois que deux : 

1. l'austérité qui consiste à diminuer les dépenses publiques, et donc le niveau de revenu des allocataires sociaux, ce qui revient à brider la consommation de cette tranche de la population, qui a un effet déflationniste sur l'économie. C'est douloureux et hautement propice à l'instabilité dans la rue. Demandez donc aux Grecs, Espagnols,...

2. La solution qui satisfait tout le monde dans l'immédiat est le financement des déficits par de la dette publique. C'est le chemin politiquement correct emprunté par les économies sociales-démocrates européennes depuis le premier choc pétrolier. On ne pose aucune question à personne et on ne fait que reporter le problème à plus tard. Seulement, pour se permettre le luxe de payer tard, on doit payer des intérêts.

Actuellement, un salarié finance trois français en plus de lui-même. C'est quoi la prochaine étape ? Un pour 5, Un pour 6? 1 pour 10 ???

Jusqu'à quand les Français vont-ils pouvoir tenir le coup ?

Le système est en faillite et la seule issue possible est l'implosion en plein vol. Actuellement on est en plein délire de la fuite en avant, on se place des oeillères médiatiques et on lance des écrans de fumée. Le pilote automatique est réglé et le poids des intérêts d'une dette sans cesse grandissante nous fait piquer du nez un peu plus chaque instant. Alors on rajoute un peu de dette pour lutter contre les effets indésirables de notre endettement, ce qui nécessitera un peu plus d'austérité demain.

Pour que l'endettement redescende à des niveaux viables, il faudrait que l'État engrange davantage de recettes fiscales et sociales qu'ils n'en n'ont besoin pour boucler leur budget annuel. Pour ce faire, il faudrait davantage de travailleurs salariés qui paient des contributions sociales et moins de chômeurs qui en consomment. 
Avec seulement un français sur 4 qui est en emploi salarié, je ne vois pas cela arriver demain.

Le système de retraites est en faillite, les allocations familiales sont insoutenables, la sécu est moribonde. Préparez-vous à davantage de mesure d'austérité. Un jour, vous ne serez plus Charlie, vous serez tous Grecs.

Source: table de population au 1/1/15 ici.

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