Les stats dont on ne parle jamais: la Vélocité de la Monnaie.
Aujourd’hui je
vais partager avec vous un petit graphique retrouvé ou détour d’une de mes
ballades sur le site officiel de la Fed de St Louis, cette filiale de la banque
centrale américaine chargée de faire les Études Économiques.
Le graphique ci-dessous représente l’évolution de la vélocité de la monnaie.
En termes
simples, c’est la vitesse de circulation de l’argent dans l’économie.
Cette donnée est considérée
comme une des composantes essentielles qui influence l’inflation.
L’équation
théorique de l’équilibre monétaire qui mène à la compréhension de l’inflation
est M V = Q P, autrement dit : la taille de la masse monétaire et la
vitesse de la masse monétaire est égale au montant total des prix de tous les biens
échangés sur un marché.
La variation du
niveau des prix est ce qu’on appelle l’inflation, lorsque les prix montent et
la déflation lorsque les prix baissent.
L’équilibre représenté
par cette équation est sensé rester stable si on veut une inflation basse. Dès lors, la
masse monétaire et la vitesse de circulation de la monnaie doivent s’adapter à
la production de biens proposés sur le marché.
Par exemple,
toutes choses étant égales par ailleurs,
Si le prix monte,
alors les quantités vont baisser et vice-versa
Si la vitesse de
circulation augmente, les prix vont monter,
Et cetera.
C’est une équation
à 4 inconnues et chacune d’entre elle a son influence propre sur les autres.
Or, dans l’actualité
économique de ces dernières années on ne vous parle seulement que de 3 d’entre
elles :
-
Q :
La quantité des biens, c’est le PIB, ne niveau de production industrielle
-
P :
c’est le niveau des prix, l’inflation ou la déflation (terme de plus en plus à
la mode)
-
M :
c’est la masse monétaire, qui ne cesse de gonfler sous l’effet des mesures d’assouplissement
quantitatif, autrement dit : actionner la planche à billets.
Et la vélocité
dans tout ça ?
Et bien pour les
USA, la voici :
Le paradoxe des « années d’après-crise »
Je sais pas trop
comment les historiens vont se souvenir de la période actuelle mais cela ne
fait aucun doute qu’elle portera un nom significatif des paradoxes dans
lesquels nous sommes maintenus de force :
- La masse monétaire ne fait qu’augmenter et pourtant il n'y a pas (encore) d’inflation ;
- Les prix de centaines de biens ont augmenté et pourtant pas d’inflation ;
- La reprise économique est là sans être là et pourtant pas de baisse du chômage.
La variable d’ajustement,
c’est justement la vélocité de la monnaie, la vitesse de circulation de l’argent.
Comme vous pouvez le constater, depuis 2008, elle est en chute libre et on est au plus bas depuis 1959 !
Pourquoi personne
ne parle de ça ? Ne trouvez-vous
pas cela un peu inquiétant ?
Qu’est-ce qui
fait baisser la vitesse de circulation de la monnaie ?
Il y a plusieurs choses qui peuvent entrer en ligne de compte. En vrac : le
ralentissement de l’activité économique, le resserrement de l’accès au crédit, le
gel des avoirs bancaires, l’augmentation du chômage, la baisse du pouvoir d’achat,
l’augmentation de l’épargne, la concurrence des produits importés à vil prix,
etc.
Comme les arbres
ne montent pas jusqu’au ciel, la vitesse de circulation de la monnaie ne pourra
jamais toucher le sol. Une valeur zéro serait signe d’absence totale de flux
monétaire. Et pourtant il semblerait qu’on s’y dirige tout droit !
Vous voulez une
belle photo du crash qui s’annonce ? Imprimez-donc cette photo fournie
gracieusement par la Fed et encadrez-la-donc.
Voilà pourquoi l’inflation
ne décolle pas - et donc le prix de l’or reste moribond : la monnaie créée
ne circule pas.
C’est la Fed qui
le dit. Jamais en trois générations la monnaie n’a circulé aussi peu vite.
Et vous voulez me
faire croire que la crise est terminée ? On est encore en
plein dedans, c’est la deuxième vague qui va pas tarder à nous tomber dessus.
À quoi s’attendre ?
Premièrement,
tant que la vélocité baisse, il n’y a rien à craindre. Les taux qui continuent
de baisser est aussi une bonne nouvelle : tant que ça continue comme ça il
ne peut rien arriver de mal.
Le jour où la
vélocité monétaire se mettra à monter – ce qui arrivera un jour à moins qu’on
abandonne totalement le dollar – l’inflation va se réveiller et par effet de
cascade les taux d’intérêt.
La tendance actuelle
de baisse des taux semble avoir touché un pallier : 0%. On commence à voir
poindre quelques cas de taux d’emprunt négatifs (c’est le monde à l’envers).
Depuis une semaine où j’écris ces lignes, le taux du Treasury Bund américain à
1 mois est tout simplement à 0%
Voyez plutôt :
Relevé quotidien des Taux d'emprunt des Bons du Trésor Américain |
Vous pouvez voir qu'il faut prêter son argent au Gouvernement américain à 3 ans ou plus pour espérer
obtenir plus de 1% de loyer.
Lorsque les taux
négatifs vont toucher les livrets d’épargne des ménages, c’est là que ça risque
de se produire. Je ne serais pas surpris de voir des retraits massifs et une injection d’une grande partie
de ses fonds sur le marché va faire décoller la vélocité de la monnaie.
Dans cette
perspective, on comprend mieux pourquoi les États comme la France accumulent
les mesures pour éradiquer l’usage d’argent liquide.
Plus moyen de
retirer au guichet = plus moyen de vider son compte d’épargne sans le
transférer sur un autre compte en banque. Votre argent se retrouve prisonnier
du système bancaire et voit dont sa vélocité baisser.
Comment en profiter ?
Je ne suis pas
habilité à vous donner des conseils financiers sous peine de me faire chicoter
par l’AMF donc je me contenterais de vous exposer ma stratégie personnelle,
libre à vous d’en faire ce que bon vous semble.
En quelques mots, ma
stratégie personnelle est la suivante : sécuriser un maximum de dettes
à taux fixe, comme sur mon prêt hypothécaire tout en limitant mon exposition aux
prêts à taux variables, comme les comptes bancaires, les lignes de crédit,
prêts personnels et les découverts. Je limite mon épargne au strict minimum en
fonction de mon analyse de risque personnelle et je place le surplus hors du
secteur bancaire, sous forme d’or notamment mais pas uniquement.
A mon avis, ce
sont ceux qui sont exposés aux prêts à taux variables et aux placements à taux
fixes qui vont pâtir le plus d’un changement de tendance. Après quand à savoir
quand il arrivera, là on se heurte à une grande inconnue. Cela peut très bien se
dérouler dans dix ans tout comme ça peut survenir la semaine prochaine.
Conclusion
La monnaie, l’argent,
c’est le sang de l’économie. Une circulation fluide de l’argent est gage d’une
économie saine.
Dans le cas
présent, on est en plein dans une économie moribonde dans laquelle l’argent
circule de moins en moins.
Les électrochocs –
sous formes de Quantitative Easing - qui étaient sensés lui redonner vie ont
échoué.
La tendance est toujours
baissière et aucune rémission ne peut être envisagée tant que tous les symptômes
ne sont pas guéris.
Comme le disait
Einstein: "on ne peut pas solutionner un problème en restant dans le même état d’esprit
qui a conduit à le créer".
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