mardi 23 juin 2015

Bulle de vélocité: À ce train-là, l’inflation n’est pas prête à décoller !

Les stats dont on ne parle jamais: la Vélocité de la Monnaie.


Aujourd’hui je vais partager avec vous un petit graphique retrouvé ou détour d’une de mes ballades sur le site officiel de la Fed de St Louis, cette filiale de la banque centrale américaine chargée de faire les Études Économiques.

Le graphique ci-dessous représente l’évolution de la vélocité de la monnaie.
En termes simples, c’est la vitesse de circulation de l’argent dans l’économie.
Cette donnée est considérée comme une des composantes essentielles qui influence l’inflation.

L’équation théorique de l’équilibre monétaire qui mène à la compréhension de l’inflation est M V = Q P, autrement dit : la taille de la masse monétaire et la vitesse de la masse monétaire est égale au montant total des prix de tous les biens échangés sur un marché.

La variation du niveau des prix est ce qu’on appelle l’inflation, lorsque les prix montent et la déflation lorsque les prix baissent.

L’équilibre représenté par cette équation est sensé rester stable si on veut une inflation basse. Dès lors, la masse monétaire et la vitesse de circulation de la monnaie doivent s’adapter à la production de biens proposés sur le marché.

Par exemple, toutes choses étant égales par ailleurs,
Si le prix monte, alors les quantités vont baisser et vice-versa
Si la vitesse de circulation augmente, les prix vont monter,
Et cetera.
C’est une équation à 4 inconnues et chacune d’entre elle a son influence propre sur les autres.

Or, dans l’actualité économique de ces dernières années on ne vous parle seulement que de 3 d’entre elles :
-          Q : La quantité des biens, c’est le PIB, ne niveau de production industrielle
-          P : c’est le niveau des prix, l’inflation ou la déflation (terme de plus en plus à la mode)
-          M : c’est la masse monétaire, qui ne cesse de gonfler sous l’effet des mesures d’assouplissement quantitatif, autrement dit : actionner la planche à billets.
Et la vélocité dans tout ça ?

Et bien pour les USA, la voici :





Le paradoxe des « années d’après-crise »

Je sais pas trop comment les historiens vont se souvenir de la période actuelle mais cela ne fait aucun doute qu’elle portera un nom significatif des paradoxes dans lesquels nous sommes maintenus de force :
  • La masse monétaire ne fait qu’augmenter et pourtant il n'y a pas (encore) d’inflation ;
  • Les prix de centaines de biens ont augmenté et pourtant pas d’inflation ;
  • La reprise économique est là sans être là et pourtant pas de baisse du chômage.


La variable d’ajustement, c’est justement la vélocité de la monnaie, la vitesse de circulation de l’argent.

Comme vous pouvez le constater, depuis 2008, elle est en chute libre et on est au plus bas depuis 1959 !

Pourquoi personne ne parle de ça ? Ne trouvez-vous pas cela un peu inquiétant ?

Qu’est-ce qui fait baisser la vitesse de circulation de la monnaie ?

Il y a plusieurs choses qui peuvent entrer en ligne de compte. En vrac : le ralentissement de l’activité économique, le resserrement de l’accès au crédit, le gel des avoirs bancaires, l’augmentation du chômage, la baisse du pouvoir d’achat, l’augmentation de l’épargne, la concurrence des produits importés à vil prix, etc.

Comme les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, la vitesse de circulation de la monnaie ne pourra jamais toucher le sol. Une valeur zéro serait signe d’absence totale de flux monétaire. Et pourtant il semblerait qu’on s’y dirige tout droit !

Vous voulez une belle photo du crash qui s’annonce ? Imprimez-donc cette photo fournie gracieusement par la Fed et encadrez-la-donc.

Voilà pourquoi l’inflation ne décolle pas - et donc le prix de l’or reste moribond : la monnaie créée ne circule pas.

C’est la Fed qui le dit. Jamais en trois générations la monnaie n’a circulé aussi peu vite.
Et vous voulez me faire croire que la crise est terminée ? On est encore en plein dedans, c’est la deuxième vague qui va pas tarder à nous tomber dessus.

À quoi s’attendre ?

Premièrement, tant que la vélocité baisse, il n’y a rien à craindre. Les taux qui continuent de baisser est aussi une bonne nouvelle : tant que ça continue comme ça il ne peut rien arriver de mal.

Le jour où la vélocité monétaire se mettra à monter – ce qui arrivera un jour à moins qu’on abandonne totalement le dollar – l’inflation va se réveiller et par effet de cascade les taux d’intérêt.

La tendance actuelle de baisse des taux semble avoir touché un pallier : 0%. On commence à voir poindre quelques cas de taux d’emprunt négatifs (c’est le monde à l’envers). Depuis une semaine où j’écris ces lignes, le taux du Treasury Bund américain à 1 mois est tout simplement à 0%
Voyez plutôt :
Relevé quotidien des Taux d'emprunt des Bons du Trésor Américain


Vous pouvez voir qu'il faut prêter son argent au Gouvernement américain à 3 ans ou plus pour espérer obtenir plus de 1% de loyer.

Lorsque les taux négatifs vont toucher les livrets d’épargne des ménages, c’est là que ça risque de se produire. Je ne serais pas surpris de voir des retraits massifs et une injection d’une grande partie de ses fonds sur le marché va faire décoller la vélocité de la monnaie.

Dans cette perspective, on comprend mieux pourquoi les États comme la France accumulent les mesures pour éradiquer l’usage d’argent liquide.
Plus moyen de retirer au guichet = plus moyen de vider son compte d’épargne sans le transférer sur un autre compte en banque. Votre argent se retrouve prisonnier du système bancaire et voit dont sa vélocité baisser.

Comment en profiter ?

Je ne suis pas habilité à vous donner des conseils financiers sous peine de me faire chicoter par l’AMF donc je me contenterais de vous exposer ma stratégie personnelle, libre à vous d’en faire ce que bon vous semble.

En quelques mots, ma stratégie personnelle est la suivante : sécuriser un maximum de dettes à taux fixe, comme sur mon prêt hypothécaire tout en limitant mon exposition aux prêts à taux variables, comme les comptes bancaires, les lignes de crédit, prêts personnels et les découverts. Je limite mon épargne au strict minimum en fonction de mon analyse de risque personnelle et je place le surplus hors du secteur bancaire, sous forme d’or notamment mais pas uniquement.

A mon avis, ce sont ceux qui sont exposés aux prêts à taux variables et aux placements à taux fixes qui vont pâtir le plus d’un changement de tendance. Après quand à savoir quand il arrivera, là on se heurte à une grande inconnue. Cela peut très bien se dérouler dans dix ans tout comme ça peut survenir la semaine prochaine.

Conclusion


La monnaie, l’argent, c’est le sang de l’économie. Une circulation fluide de l’argent est gage d’une économie saine.
Dans le cas présent, on est en plein dans une économie moribonde dans laquelle l’argent circule de moins en moins.
Les électrochocs – sous formes de Quantitative Easing - qui étaient sensés lui redonner vie ont échoué.
La tendance est toujours baissière et aucune rémission ne peut être envisagée tant que tous les symptômes ne sont pas guéris.

Comme le disait Einstein: "on ne peut pas solutionner un problème en restant dans le même état d’esprit qui a conduit à le créer".

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