mercredi 1 juillet 2015

Pourquoi l'or ne monte-t-il pas avec la crise Grecque ?

Dimanche soir, l’annonce de la fermeture des banques grecques dès lundi matin a donné une lueur d’espoir aux détenteurs de positions en or. Un remake de la crise chypriote de 2013, qui a vu l’or s’apprécier en son rôle de valeur refuge.

On en est au troisième jour de ce nouvel épisode de ce qu’on peut dorénavant appeler la Crise Grecque 2015 et pourtant l’or ne monte pas. Au lieu de cela, on le voit même baisser.

Évolution du cours de l'or depuis le début de la semaine du 29 juin 2015
©goldprice.org


Hier soir, le Gouvernement grec a même officiellement fait défaut sur son échéance du jour, une dette qu’il devait rembourser au FMI. A notre plus grand désarroi, cette annonce a fait l’effet d’un pétard mouillé sur les cours des métaux précieux.

Alors que se passe-t-il ?

Petit résumé de la situation en 5 points :

1. Il n'y a pas eu d’effet de surprise.

L’exposition des marchés vis-à-vis de la Grèce est encore indéterminé (sous-évalué ?). Cependant, depuis le temps que la Grèce se bat avec ses problèmes, les diverses institutions impliquées ont eu largement le temps de réduire en catimini leurs actifs à risques. Ce qui se passe maintenant était hautement prévisible et largement prévu par les back offices et ce même si les discours se voulaient rassurants dans les médias grand public.
Mais qui dans le grand public a une exposition dangereuse à la Crise Grecque ?
Finalement tout cela n’était que du spectacle.

2. Ce qui se passe en Grèce reste en Grèce.

Comme les acteurs ont eu le temps de se prémunir contre une aggravation de la crise, l’impact de celle-ci sur les acteurs et marchés hors Grèce devrait être limité. Cet impact est à ce jour en tout cas encore estimé à un niveau très bas. Comme personne ne voir (encore) de risque de contagion, il suffit de rester suffisamment éloigné du malade pour rester en bonne santé.

3. L’issue sera sans grande gravité.

Les gens se disent que ça va bien se terminer finalement. Comme on a pu le voir avec le précédent historique, la Crise Chypriote, les conséquences au final ne valaient pas la peine qu’on s’en inquiète outre-mesure. Comme à l’époque tout est entré dans l’ordre sans trop de pots cassés, pourquoi en serait-il autrement maintenant ? D’autant plus que ce sont pratiquement les mêmes architectes qu’à l’époque aux commandes.

4. Les marchés sont encore en mode « euphorie »

Pour les raisons expliquées ci-dessus, les marchés ont pu accuser la petite correction qu’il leur fallait de temps à autre pour pouvoir reprendre sur leur lancée haussière. Comme les marchés d’actions continuent d’offrir des rendements prometteurs, pourquoi se tourner vers un actif refuge ? Comme il n’y a pas de danger, il n’y a pas lieu de se protéger. Donc l’or peut rester où il est, on n’en a pas encore besoin.

5. Les CDS n’ont pas besoin d’être activés.

Les CDS, ces assurances-paiement en cas de défaut de l’émetteur, ne sont pas concernées vu que le défaut du 30 juin ne concerne qu’une dette envers le FMI, qui ne rentre pas en ligne de compte pour les CDS. Les CDS ne couvrent que la dette titrisée échangeable sur les marchés obligataires. Le FMI ne revend pas ses dettes sur les marchés donc ils ne sont pas concernés, et ça c’est bien joué de la part du Gouvernement Grec. Un défaut sur une échéance de dette du marché serait infiniment plus néfaste. Jusqu’à présent, la Grèce n’a fait défaut que sur une seule échéance de sa dette colossale.

6. Le monde se prépare à l’idée du Grexit.

Le Grexit : Anglicisme issu de la combinaison des deux mots Geece+Exit, c’est la sortie de la Grèce de la Zone Euro. Inimaginable par les médias d’influence il y a encore 6 mois, exclue par les politiques il y a à peine 3 semaines, l’idée commence à faire son chemin et chacun y va maintenant de son commentaire comme quoi ce ne serait pas une si mauvaise idée que ça. Allez, encore un peu de patience et on va bientôt nous vendre ça comme la solution miracle la plus bénéfique qui soit pour le peuple grec.
Ce qui ne sera pas le cas du tout, mais bon… on verra.

7. Les fondamentaux de l’or ne sont pas au meilleur de leur forme.

Le secteur minier profite des prix du pétrole faible, ce qui permet aux extracteurs de diminuer leurs coûts et donc de supporter une production accrue pour pallier à la baisse des cours. De plus des taux désespérément bas et un dollar fort ne sont pas de nature à soutenir les cours de l’or libellés en Dollars. La baisse de l’euro qui a eu lieu à l’ouverture des marchés ce lundi a provoqué une fuite vers les devises jugées plus solides, comme le dollar et le Franc Suisse.

Faut-il vendre son or du coup ?

La patience est la meilleure alliée de l’investisseur en or.
Je sais que le goldeux commence à perdre le fil du temps qui passe depuis que les prémices de la crise de 2008 l’ont fait se ruer sur les briques jaunes, me ce à quoi on assiste aujourd’hui en Grèce n’est que la conséquence directe de la mauvaise gestion de la crise en 2008.

À l’époque, les Gouvernements de divers États occidentaux, dont le gouvernement grec, se sont endettés dans la panique pour venir en aide aux banques menacées de suivre le destin fatal de Lehman Brothers. Ceci a affecté leur capacité d’emprunt d’une part et d’autre part, leurs budgets respectifs ayant une charge d’intérêt supplémentaire à soutenir ont subi une réduction progressive consécutive à la baisse des recettes fiscales dans leurs économies en récession.

Depuis lors, les problèmes n’ont pas été réglés. Personnellement, j’attend encore une solution durable à long terme. Je n’en ai pas vu. Au lieu de ça on a passé son temps à colmater les brèches et éteindre les incendies pour maintenir le bateau à flot coûte que coûte. Maintenir la situation en l’état n’est pas une solution. Refuser de se réformer non plus.

La Grèce est le premier pays à sauter, après leurs cousins chypriotes. Pas de chance pour eux. Mais d’autres pays sont dans une situation au moins aussi catastrophique, en permanence à un cheveux du défaut. A force de jouer les équilibristes, il ne faudra pas longtemps avant qu’un autre tombe, c’est la loi des probabilités.

La Crise Grecque n’a pas encore contaminé le reste de la Zone Euro et je me demande combien de temps il faudra encore. Je ne serais pas surpris de voir la fermeture des banques prolongées. C’est ce qui s’était produit à Chypre, souvenez-vous : tout d’abord pour 3 jours, la fermeture a duré 2 semaines.

Si la Crise Grecque se termine bien, alors je ne vois pas comment cela sera une bonne nouvelle. Ailleurs dans la Zone Euro, les autres pays en souffrance après des cures spartiates d’austérité aussi longues qu’inutiles ne demandent pas mieux que de faire pareil. Le syndrome du « pourquoi eux et pas nous » va frapper et là du coup on risque de se faire prendre au dépourvu.

Verdict : je garde mon or et j’attend que ça passe. Là-dessus, faites ce que vous voulez mais ne venez pas dire que je ne vous aurais pas prévenus.

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